Mangas, films et Histoire

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mercredi 13 août 2014

La voix du secrétaire (Jean)

Présents à la réunion, en fonction de la position autour de la table :

Laurent (B),
Emmanuel,
Sébastien,
moi,
Richard,
Charles,
et Théo.

Nous avons mangé des salades aux lardons, au poulet ou au chèvre chaud, de l'entrecôte, du poulet, des îles flottantes, des profiterolles et du pain perdu. Nous avons bu de la bière, de la vodka, du Ricard et de la limonade.

Nous avons parlé de Perl, informatique et points divers.

Perl

Emmanuel a demandé à Laurent s'il avait des informations précises sur les dates d'OSDC.fr. Laurent a juste pu dire que la conférence, initialement prévue pour fin septembre, était reportée à une date ultérieure, sans pouvoir préciser laquelle. Le site web de la conférence n'est même pas encore ouvert. Emmanuel demande de faire attention pour ne pas entrer en conflit avec d'autres manifestations, en particulier avec la conférence Openstack début novembre.
Quant à l'organisation de OSDC.fr dans le cadre de l'Open World Forum, Sébastien et Laurent résument pourquoi cela n'aura plus lieu. Il y a trop de problèmes de communication de l'équipe OWF vis-à-vis de l'équipe OSDC.fr. Et le budget d'OWF est démesuré par rapport aux autres événements du logiciel libre. Rien qu'en réduisant un poste ou deux de OWF, on pourrait réunir assez d'argent pour financer toutes les conférences grass-root de France. La seule chose que Laurent regrettera, c'est le cocktail de la veille de l'ouverture officielle à l'Hôtel de Ville de Paris.
Sébastien nous raconte quelques horreurs qu'il a découvertes récemment. Un programme utilisait Memcached en posant des verrous sur les clés utilisées. Et pour vérifier si une entrée est verrouillée, le programme effectuait une recherche active (c'est-à-dire une boucle pour tester le verrou). De temps en temps, le serveur se met à fonctionner à 100 % de CPU tout en refusant de répondre aux commandes, on se demande pourquoi.
Dans un autre cas, c'était une application destinée uniquement à transférer des données d'un système vers un autre, application codée avec 69 classes, dont 10 classes abstraites. Et simulant deux ORM.
Richard est en train de travailler sur un module pour les besoins internes de son entreprise. Même s'il n'est pas prévu que son module soit diffusé sur CPAN, il souhaite appliquer les bonnes pratiques en usage dans le monde Perl. Notamment, un ensemble de tests bien structuré. Et pour ces tests, il a besoin d'un autre module écrit spécialement pour l'occasion. Quelles précautions faut-il pour écrire ce module et en particulier, où faut-il stocker ce module ? Sébastien répond que l'usage veut que l'on stocke le fichier dans le sous-répertoire t/lib et qu'en conséquence, tous les programmes de tests (t/*.t) doivent comporter les déclarations :
```
use libs qw(t/lib);
use Module_annexe_de_test;
```
Sébastien a continué avec les cas où il y a besoin d'installer tout un environnement de test avant de lancer la série, puis de faire le ménage après. Il faut utiliser pour ce faire le setup et le teardown de Test::Class.
Il a été question des nombreux modules pour gérer les fichiers de configuration. En général, un module de configuration charge le contenu initial du fichier dans une structure Perl, modifie cette structure grâce à une interface graphique par exemple, puis réécrit le fichier de configuration avec les valeurs modifiées, perdant ainsi le formattage particulier du fichier s'il y en avait un et, surtout, les commentaires décrivant et expliquant les paramètres. Sébastien signale un premier module, dont je n'ai pas retenu le nom, qui se distingue des autres, puisqu'il est capable de réécrire le fichier de configuration avec le formattage et les commentaires. Sébastien enchaîne avec un second module, Config::Model de Dominique Dumont, qui fait la même chose et qui, en plus, est capable de traiter les relations de dépendances entre les variables de configuration.

Informatique

Laurent a un problème avec son PC. Au bout d'un temps de plus en plus réduit, l'écran devient noir. Tant qu'il disposait d'un délai d'une demi-heure avant l'écran noir, il pouvait encore utiliser son PC dans des conditions dégradées, certes, mais pas bloquantes. Maintenant que cela se produit au bout de cinq minutes, l'utilisation n'est plus possible. Quelqu'un lui a suggéré d'utiliser un vidéo-projecteur dupliquant l'affichage de l'écran, de la sorte que lorsque l'écran du PC tombe en carafe, Laurent peut continuer à travailler avec la projection sur le mur.
Nous avons discuté des vidéo-projecteurs, de la différence entre ceux avec lampes et ceux avec LED, ceux connectés par fil et ceux reliés par la wifi, ceux qui permettent de projeter sur un écran de projection large, même s'ils sont proches de cet écran. Il a été question d'un phénomène dont j'ai oublié le nom mais que je connais bien : quand on bouge les yeux latéralement très rapidement, on voit sur certaines projections la séparation entre les couleurs : rouge, vert et bleu. D'autre part, faisant suite à ses interrogations Sébastien explique que les vidéo-projecteurs reliés par wifi sont à proscrire pour une utilisation centrée sur les jeux vidéos ou sur les films. Quant à installer un vidéo-projecteur dans son appartement, il pense l'accrocher au plafond face à son mur blanc.
Cela dit, ces problèmes de vidéo-projecteur ne sont pas cruciaux pour Sébastien. Il doit faire face à d'autres problèmes beaucoup plus gênants, puisqu'ils concernent la machine qu'il utilise à son domicile pour ses besoins personnels (messagerie, etc). Il a dû envoyer cette machine, un Macintosh, en réparation il y a quelque temps. Et il vient de recevoir un avis le prévenant que sa machine était revenue de réparation et était disponible au magasin où il l'avait portée. Il est allé voir ce magasin et a constaté que c'était la fermeture estivale. Il est donc obligé dans l'intervalle d'utiliser un vieux Macintosh avec de nombreux désagréments de manque de performances et d'incompatibilité lorsqu'il veut consulter des sites web récents.
Richard a évoqué la supervision par Munin. J'ai eu du mal à comprendre qu'il s'agissait de ce logiciel, car j'ai lu ce nom pour la première fois en lisant de la littérature nordique, donc je faisais rimer « Munin » (et « Hugin ») avec « comptine », alors que Richard le fait rimer avec « enfin ». Comme le fait remarquer Laurent, lorsque l'on installe Munin, au début, tout a l'air de bien fonctionner et tous les indicateurs sont au vert. La raison est en fait qu'il n'y a aucune alerte qui soit paramétrée, donc aucune raison de faire passer les indicateurs au rouge.
Quelqu'un mentionne un site sur lequel l'administrateur avait installé Nagios. En raison d'un paramétrage défectueux, il y avait au moins une alerte toutes les dix minutes. Et par la suite, l'administrateur s'inquiétait s'il ne recevait aucune alerte pendant un quart d'heure. Ou comment réinventer le heartbeat. Ceci pour répondre à une interrogation de Laurent se demandant ce qui se passe lorsque c'est le logiciel de supervision qui plante.
Une autre question de Richard concerne le déploiement de multiples serveurs. Pour l'instant, « multiple » est synonyme de « quelques » pour Richard, donc cela peut se faire au coup par coup, manuellement. Mais lorsque le nombre de serveurs approchera la vingtaine, ainsi que le conseille Sébastien, il devient intéressant de recourir à un logiciel adapté, comme CFEngine, Puppet ou Chef. Et lorsque l'on doit gérer un millier de serveurs, l'utilisation d'un tel logiciel est matériellement une obligation. Laurent se demande si Chef est un logiciel suédois.
Sébastien évoque un jeu vidéo qui va bientôt sortir et dont il a vu une bande-annonce. Il pense que ce jeu intéressera à coup sûr Guillaume, car ce jeu comporte de nombreux références à l'Union Soviétique. Notamment, la musique de fond de la bande-annonce est l'hymne de l'Union Soviétique et Sébastien s'est mis à fredonner... Plaine ma plaine Je ne connais pas l'hymne soviétique, mais je sais que ce n'est pas Plaine ma plaine. Remarquons que cet hymne a été relégué au placard lors de la dissolution de l'Union Soviétique en 1991 mais que Poutine l'a remis en service récemment pour la Russie.
Charles nous raconte qu'il avait donné une disquette à un de ses chefs avec qui les relations n'étaient pas au beau fixe. Inspiré par une série télévisée de l'époque, il avait programmé cette disquette pour demander un mot de passe et annoncer :
Cette disquette s'auto-détruira si vous ne rentrez pas le bon mot de passe avant la troisième tentative.
Le chef avait cru que la menace était réelle.

Divers

Cette anecdote faisait suite à la description par Sébastien (je crois) d'un diorama présentant la base lunaire Alpha de la série télévisée Cosmos 1999 avec de nombreux véhicules annexes comme les vaisseaux spatiaux « Eagle ». Et le lien avec Mission Impossible est que les deux acteurs principaux de la série, Martin Landau et Barbara Bain, figuraient tous deux dans la première saison de Mission Impossible.
Il a été question de l'expérience controversée sur la propulsion par micro-ondes. Il me semble que personne parmi les mongueurs présents n'ait réellement compris le principe de cette expérience. Sébastien essaie de faire un rapprochement avec ce qu'il connaît, la pression de radiation à laquelle sont soumis les panneaux solaires et les voiles solaires. Charles n'avait pas l'air au courant de cette expérience. Il m'a demandé où j'avais lu cette information. Je lui ai répondu que j'en ai eu connaissance sur Slashdot, Soylent News et même xkcd. Charles n'avait pas l'air de connaître ces sites, même pas l'institution qu'est devenu Slashdot.
Quand Laurent a évoqué le cocktail à l'Hôtel de Ville, Charles a raconté que certains anciens occupants de l'Hôtel de Ville, prénommés Bernadette et Jacques, regrettaient ce logement lorsqu'ils ont emménagé au Palais de l'Élysée. Pour Bernadette, je ne sais pas, mais pour Jacques, il me semble qu'il a essayé à plusieurs reprises d'emménager à l'Élysée, alors même qu'il logeait à l'Hôtel de Ville. Il ne tenait donc pas tant que cela à son logement à l'Hôtel de Ville.
Richard fait remarquer que la rentrée sociale et politique s'annonçait difficile, car les indicateurs économiques sont mauvais. Charles explique que si l'économie irait mal tant que l'on aurait des monnaies nationales comme l'euro. Tous les autres participants se sont exclamés que l'euro n'était pas du tout une monnaie nationale. Sébastien énumère les trois catégories de pays utilisant l'euro. Il y a d'abord la quinzaine de pays membres de l'Union Européenne qui réunissent les critères de convergence (convergence vers quoi ? ai-je demandé). Il y a ensuite les états-cités européens, Andorre, Monaco, le Vatican et San-Marin, dont l'importance économique est trop faible pour avoir une monnaie nationale. Il y a enfin quelques pays européens de taille normale, pas forcément membres de l'UE et qui, comme le Monténégro, ont décidé d'utiliser l'euro comme monnaie.
Charles a voulu prendre un autre exemple de monnaie utilisée par plusieurs nations, la livre sterling. J'ai cru qu'il voulait parler des nations comme l'Écosse, le Pays de Galles, l'Irlande du Nord, Jersey, Guernesey et l'Île de Man. Non, il voulait parler des nations du Commonwealth : le Canada, l'Australie, la Nouvelle-Zélande et l'Afrique du Sud. Là encore il s'est trompé, car sur ces quatre nations, aucune n'utlise la livre sterling ou une quelconque livre. Trois d'entre elles utilisent des dollars (pas l'USD, mais le CAD, le AUD et le NZD) et la quatrième utilise le Rand (ZAR).
Cela rappelle à Sébastien une époque où la GBP était à un niveau très haut et les dollars à un niveau très bas. Quelqu'un sur IRC avait créé une application pennies destinée à donner la valeur des différents dollars, non pas en GBP, mais en pence (pour avoir des nombres plus faciles à manipuler).
Nous évoquons les start-up et le capital-risque en France. Il est assez facile de trouver un financement en capital-risque pour ouvrir une start-up, mais une fois que cette entreprise a démarré, il est beaucoup plus difficile de trouver des sous pour financer le développement de l'activité naissante.
Une autre différence de mentalité entre la France et les États-Unis à propos du capital-risque. Si votre start-up échoue en France, vous êtes grillé pour de bon. Aux États-Unis, on considère que vous avez acquis de l'expérience et que la prochaine fois, vous éviterez l'écueil que vous avez rencontré la première fois.
Nous (c'est-à-dire surtout Sébastien, Laurent et Richard) avons parlé de mangas. Les premiers mangas traduits et édités en France ont été imprimé « à l'européenne », avec la première page de couverture à gauche et la dernière page de courverture à droite et, au sein d'une page, en parcourant les cases de gauche à droite et de haut en bas. Dans certains cas, les dessins était donc retournés pour s'adapter au nouveau sens de lecture, dans d'autres cas ils étaient laissés tels quels. C'était le cas notamment dans les pages avec un dessin « mannequin », c'est-à-dire un personnage occupant toute la hauteur de la page, sans tenir compte du découpage en cases. Le résultat était désastreux à un tel point que les mangakas ont mis un véto sur la traduction en français des mangas.
Sébastien a mentionné également l'équivalent chinois du manga, le manhua et l'équivalent coréen, le manhwa. Une particularité de ces « manhwas » est qu'ils sont composés dans le même sens que les livres européens.
Remarquons qu'au cours de la discussion, Sébastien a constamment parlé du sens de lecture « européen » ou « français » par opposition au sens de lecture « japonais », tandis que Charles parlait du sens « normal ». Pour Sébastien, il n'y a pas de sens privilégié pour la composition d'un livre.
L'écriture d'un manga est un travail d'équipe. Le mangaka a sous ses ordres plusieurs aides, un pour s'occuper de dessiner les décors, un autre pour les personnages secondaires, un autre pour tel ou tel personnage principal, etc. Pour la bande dessinée franco-belge, il s'agit plutôt d'un travail individuel ou presque. Il y a un auteur pour le scénario et les dialogues et un dessinateur pour la mise en page. Parfois une troisième personne pour les couleurs, mais c'est loin d'être la majorité des cas. D'où, comme nous le raconte Sébastien, la déconvenue d'un dessinateur japonais qui était venu en Europe dans l'espoir de devenir l'un des aides de Möbius et qui a appris que Möbius n'avait pas d'assistant.
Une autre différence concerne le format des ouvrages. Un album de BD franco-belge ne dépasse jamais ou presque les 80 pages, alors que pour les mangas et les comics anglophones, on peut atteindre les 200 pages. Du coup, Sébastien est un peu rebuté par la BD franco-belge, avec cette limite sur le nombre de pages. Cela dit, Laurent fait remarquer que le format d'une page de BD franco-belge est plus large que le format d'une page de manga, donc au final on a le même nombre de cases dans un volume de BD franco-belge et dans un volume de manga.
Sébastien évoque les séries de mangas interrompues. L'une d'elles, dont il a déjà parlé, concerne la colonisation de l'espace proche. Les premiers volumes ont été traduits et publiés par Panini, qui a arrêté la publication alors que l'intrigue était à un point crucial, avec un suspense intense. Dans un autre cas, c'est à la source que la série a été interrompue. Un mangaka avait mis au point un scénario et l'avait découpé en cinq volumes. Mais à la publication du quatrième, l'éditeur a décidé qu'il n'y aurait pas de cinquième volume.
Suite au réaménagement de son intérieur (on ne peut pas appeler cela un déménagement), Laurent a pris quelques photos de sa maison. Il nous montre en particulier les photos de sa bibliothèque. Il est possible de reconnaître les dos de certaines bandes dessinées. Pour plus de précisions, voir le site Manga sanctuary où Laurent a fait l'inventaire de toutes les bandes dessinées qu'il possède.
Nous avons évoqué Isaac Asimov. Contrairement à l'idée que l'on se fait de lui, Asimov a publié plus d'articles scientifiques que d'œuvres de science-fiction. Laurent et moi évoquons les Propriétés endochroniques de la thiotimoline resublimée. Il s'agit d'un article respectant les règles de rédaction et de mise en page des articles scientifiques que l'on peut voir dans les publications spécialisées. Asimov décrit une substance, la thiotimoline et une expérience de dissolution de cette substance après l'avoir sublimée. Au fur et à mesure que l'on répête l'expérience, la dissolution se produit de plus en plus tôt. Au bout d'un certain temps, elle se produit même quelques dixièmes de secondes avant le début de l'expérience. Dans le recueil où cet article figure, La Mère des Mondes, collection Présence du Futur chez Denoël, figure une introduction donnant les circonstances de l'écriture et de la publication de chaque nouvelle. Dans le cas de la thiotimoline, Asimov expliquait qu'il avait soumis cet article à Astounding Science Fiction avec la consigne de ne pas le publier avant la date de sa soutenance de thèse. Hélas, il y avait eu un loupé et l'article avait été publié rapidement. Le jour de sa soutenance, Asimov était sur des charbons ardents. Malgré tout, tout se passe bien jusqu'au moment où le jury de thèse pose des questions au thésard. À ce moment-là, l'un des membres du jury demande :
Et si vous nous parliez de la thiotimoline resublimée ?
Asimov n'a alors pas pu s'empêcher d'éclater de rire. Il a eu sa thèse malgré tout. [ J'ai relu le passage correspondant de La Mère des Mondes, il n'était pas question d'un délai de publication, mais d'un pseudonyme. ]
Sébastien a vu récemment Lucy et il a bien aimé. Contrairement à ce que je croyais, ce n'est pas une resucée de la Guerre du Feu avec Yves Coppens en tant que narrateur. Lucy est l'histoire d'une « mule » transportant de la drogue et qui en absorbe accidentellement. Ensuite, elle subit une transformation qui lui donne des pouvoirs surnaturels, faisant penser à Neo dans Matrix.
Sébastien a l'intention d'aller voir les Gardiens de la Galaxie. Ce n'est pas un film intellectuel, mais il assume.
Richard raconte que sa femme a en horreur les personnages de film produits en images de synthèse. Comme nous le fait remarquer Sébastien, c'est une manifestation du phénomène appelé uncanny valley. La plupart des gens acceptent très bien que les dessins animés représentent les humains de façon imparfaite, voire caricaturale. De même, il n'y a aucun problème pour des robots en métal. Mais on préfère que les dessins ou les robots s'éloignent de la caricature et s'approchent de la réalité... jusqu'à un certain point. En effet, quand la forme du robot est presque identique à celle d'un humain, ou quand le film reproduit presque parfaitement l'image d'un humain, mais avec quelques lacunes quasi imperceptibles (absence de poils sur la peau, pas de micro-mouvements réflexes), alors la réaction des spectateurs devient une réaction de rejet, pour redevenir une réaction positive lorsque la représentation est absolument parfaite. Sans doute que l'épouse de Richard a un seuil de déclenchement plus large que les autres personnes.
Parmi les films à l'affiche en ce moment, il y a Playtime, avec le slogan
Nouvelle version restaurée ! 4K !
Je me demande à quoi correspond cette mention « 4K » et comment elle est censée attirer le futur spectateur. On me répond que je devrais aller plus souvent dans les rayons télévision des magasins d'électronique et que je verrais que la mention « 4K » est attribuée aux téléviseurs permettant d'afficher des images avec 4096 pixels par ligne. Même en ayant compris cela, je n'irai pas voir ce film, car je l'ai déjà vu en 1979 et je n'ai pas du tout apprécié. Ce film n'a aucun scénario, aucun dialogue, aucun personnage principal, aucune queue ni aucune tête. Et encore, j'ai appris que cette version de 1979 était amputée de 25 minutes, donc cela aurait pu être encore pire. Sébastien est d'un avis opposé au mien. Il a vu ce film à la télévision, sur petit écran et maintenant qu'il ressort au cinéma, il compte bien le voir sur grand écran. Et selon lui, il y a un personnage principal, c'est la ville moderne.
Il a été question de l'avion furtif F-117 et du fait qu'il a « failli être abattu au-dessus de la Croatie » comme l'a dit je ne sais plus qui. Je n'ai pas réagi à cette affirmation. À ma connaissance, lors de la guerre en Croatie, il n'y a eu aucune intervention de F-117, donc aucune possibilité que cet avion ait pu être abattu. En revanche, lors de la guerre au Kosovo en 1999, l'USAF (entre autres) est intervenue et il y a réellement eu un F-117 abattu. Laurent explique qu'en règle générale, la furtivité s'applique aux armements évolués, utilisant la détection par ondes radar, comme les missiles. Mais il n'y a pas de furtivité contre une balle de fusil ou de mitrailleuse utilisée lors d'un tir de barrage.
À force de réfléchir sur la furtivité électro-magnétique du F-117 et des appareils assimilés, on oublie trop souvent que la furtivité couvre d'autres domaines. Ainsi, Richard demande si le F-117 est prévu pour avoir une signature infra-rouge réduite par rapport aux autres avions. C'est effectivement le cas et deux techniques sont utilisées pour ce faire. La première consiste à placer les tuyères au-dessus des ailes, pour gêner autant que possible les observateurs à terre (plus nombreux que les observateurs aéroportés). L'autre technique consiste à utiliser des réacteurs à double flux. Dans un réacteur à simple flux, la totalité de la veine d'air absorbée passe par la chambre de combustion et ressort à une température élevée. Dans un réacteur à double-flux, une partie de la veine d'air passe par un autre conduit et ne subit donc pas de hausse de température. À la sortie du réacteur, le flux froid est mélangé avec le flux chaud provenant de la chambre de combustion, d'où des gaz un peu plus tièdes dans l'atmosphère. Ce système est utilisé pour les avions de transport civils pour d'autres raisons : consommation de carburant, bruit, etc. Mais il nécessite un large diamètre pour le réacteur, ce qui n'est pas commode à caser dans le fuselage d'un avion de chasse ou d'attaque au sol.
Nous parlons des sanctions économiques de l'Union Européenne vis-à-vis de la Russie, avec notamment l'instauration d'un embargo. Comment cela va-t-il se faire, alors que la France a signé un contrat avec la Russie pour la livraison d'un navire de combat ? À noter que personne à la réunion n'a pu dire de quel type était ce navire. Ultérieurement, j'ai trouvé qu'il s'agissait d'un BPC (Bâtiment de Projection et de Commandement) mais pendant la réunion, seul le terme de « frégate » a été utilisé. Du coup, nous avons trouvé une solution de rechange, consistant à vendre cette prétendue frégate à Taïwan.
En parlant de la furtivité des bâtiments de surface, nous rappelons que c'est dû à la fois à la géométrie des surfaces et à leur revêtement avec un matériau qui absorbe les ondes radar. Cela n'a pas empêché Charles de dire que conformément aux traditions de la Marine, une activité régulière des matelots consiste à briquer le pont au balai avec vigueur.
Nous parlons du programme nucléaire de l'Allemagne nazie dans les années 1930 et 1940. La fission nucléaire a été expérimentée dans les années 1930 par Otto Hahn avec une contribution importante de Lise Meitner. Pour les années 1940, les avis divergent parmi les participants. Ainsi, j'ai entendu dire que les Allemands avaient axé leur recherche sur la propulsion nucléaire plutôt que sur l'armement nucléaire, ce qui, à la réflexion, est assez peu vraisemblable, compte tenu, entre autres, de la Bataille de l'Eau Lourde. Charles a lu, lui, que le programme nucléaire allemand était dirigé par Max Planck qui, pour des raisons idéologiques, a systématiquement orienté les recherches nucléaires vers des impasses. Mais, semble-t-il, les instances dirigeantes avaient tellement confiance en Planck qu'ils n'ont pas vu son double jeu.
Nous évoquons le bombardement d'Hiroshima et celui de Nagasaki en août 1945. Les États-Unis ont utilisé les deux bombes à la suite l'une de l'autre pour impressionner les japonais et leur faire supposer qu'il y avait un nombre important de bombes prêtes à l'emploi. En fait, c'était du bluff, il aurait fallu attendre au moins trois semaines pour avoir une bombe supplémentaire. Mais nous avons quelques divergences sur les objectifs à moyen terme de ces bombardements. Nous sommes d'accord pour considérer que la reddition du Japon dans les semaines qui ont suivi les deux bombardements a fait économiser de nombreuses morts dans les opérations Olympic et Coronet, aussi bien dans les troupes américaines que dans la population japonaise. En revanche, certains disent que les États-Unis ont voulu éviter l'invasion du Japon par les soviétiques. Je n'ai jamais entendu parler d'un tel projet de débarquement soviétique sur le sol japonais. En revanche, il y a bel et bien eu une invasion soviétique en Mandchourie, déclenchée comme prévu le 8 août, exactement trois mois après l'arrêt des hostilités en Europe.
Le choix particulier de Nagasaki présente des interrogations. De ce que j'ai lu et entendu, il était prévu de larguer la bombe sur une autre ville (Kokura comme j'ai pu le vérifier par la suite), mais il y avait trop de nuages au-dessus de cette ville et le bombardier s'était alors dirigé vers la cible secondaire, Nagasaki, pour la bombarder. Il y a eu deux objections. La première, que je trouve valide, est celle de Laurent, qui fait remarquer que les Américains n'étaient pas à 100 mètres près pour larguer leur bombe atomique. Il n'était donc pas indispensable d'avoir une acquisition visuelle du site à bombarder. L'autre objection, soulevée par Charles, consiste à faire remarquer que Nagasaki était la ville japonaise où la minorité catholique était la plus importante. Donc, pour Charles, il est paradoxal que les Américains aient choisi de bombarder une ville où résidaient des catholiques. Je ne suis pas d'accord avec le point de vue de Charles. Voici les arguments que je n'ai pas eu le temps d'exposer avant que la conversation ne tourne vers un autre sujet. Tout d'abord, même si la religion catholique a donné aux États-Unis un ambassadeur, un pilote de l'aéronavale, un président, un ministre de la justice et un sénateur (faussement accusé de terrorisme), il faut reconnaître que cette religion est minoritaire par rapport au protestantisme. Donc, si les Américains avaient fait attention à la religion des villes bombardées, ils auraient fait attention aux communautés protestantes en priorité. Ceci, en supposant que la religion joue un rôle dans la désignation des cibles. Or comme on a pu le voir avec les bombardements de Hambourg, Dresde, Cologne et Berlin, les Anglo-Américains n'ont eu aucun scrupule à bombarder des villes à dominante protestante.
La seule autre personne à considérer que les Anglo-Américains choisissaient leurs cibles en fonction de la religion est le personnage interprété par Michel Simon dans Le Vieil Homme et l'Enfant. De mémoire, le dialogue était le suivant :
Pépé : Quand ils [ les Anglais ou les Américains ] visent les usines, ils bombardent les églises et quand ils visent les églises, ils bombardent les usines.
Mémé : Comment ça, ils visent les églises ?!
Pépé : Mais les synagogues, tu peux être sûre qu'ils ne les visent pas, les synagogues !
Mais ainsi que l'on peut se rendre compte dans le reste du film, le personnage de Michel Simon est loin d'être objectif chaque fois qu'il évoque les juifs.
Pour en revenir aux bombes atomiques de 1945, Laurent rappelle que la bombe d'Hiroshima fonctionnait à l'uranium 235, tandis que celle de Nagasaki fonctionnait au plutonium. Charles n'a pas voulu le croire pour Hiroshima. Selon lui, les Américains ne savaient pas produire de l'uranium 235 enrichi. Sans doute n'a-t-il jamais entendu parler du projet Manhattan ni de l'usine d'Oak Ridge.