Entre les élections européennes et législatives

Un historique de toutes nos réunions

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mercredi 12 juin 2024

La voix du secrétaire (Jean)

Présents à la réunion, en fonction de la disposition autour de la table :

Laurent (B),
Laurent (R),
Richard,
Emmanuel,
Sylvain,
et moi.

Nous avons mangé des pizzas Angela, orientale, 3 fromages, calzone, une coupe colonel, un tiramisu, une crème caramel et une tarte au citron. Nous avons bu de la bière, un kir, de la menthe à l'eau et des décas. Pour ceux qui étaient intéressés, la maison offrait un verre de Grappa ou de Lemoncello.

Nous avons parlé de Perl, Internet et points divers.

Perl

Emmanuel évoqué un sujet déjà abordé dans la réunion en ligne de la semaine précédente, l'écriture d'un article sur la sortie de Perl 5.40. Cela fera partie de ses tâches pour la soirée de contribution au libre du lendemain.
Comme j'ai évoqué les problèmes de P. Dupré avec la liste Perl, Laurent (B) jette un coup d'œil sur le message consacré à Tk::Zinc. Cela lui rappelle la présentation de Tk::Zinc lors des Journées Perl de 2004. Il se souvient que la démonstration était impressionnante. En revanche, vingt ans plus tard, le module ne semble pas être activement maintenu.

Internet

Pour continuer sur le problème de messagerie, notons que j'ai commis une confusion. J'ai parlé des écrans d'administration de Sympa au lieu de Mailman. Une fois la confusion dissipée, Laurent a fait remarquer que c'était peut-être une méthode pour faire évoluer notre messagerie : ne rien faire à ce sujet et un beau jour Mailman aura laissé la place à Sympa par magie.
La dernière fois, nous avons remarqué qu'il y avait plus de monde que précédemment à la pizzeria. Ce mois-ci, nous avons deviné la raison. La note de la pizzeria sur Google Maps a dépassé le seuil de 4/5, ce qui contribue à convaincre les passants occasionnels de s'arrêter à la pizzeria.
Il a été question des radars routiers. Comment communiquent-ils les données d'infraction, dont la photo du véhicule contrôlé, aux autorités ? La réponse est que les radars, au moins les radars fixes, sont connectés par la fibre au réseau national. Une conséquence est que si un village perdu souhaite être connecté à la fibre, il n'a qu'à demander l'installation d'un radar routier. Une fois le radar en service, les habitants pourront aller jusqu'au radar et se connecter au hub du radar. Car il ne fait aucun doute que le radar, associé au service public, permet d'accéder à Internet grâce à un hub ou à un serveur wifi, n'est-ce-pas ?
Richard fait remarquer que le protocole UDP n'est plus très utilisé. Il peut encore servir pour diffuser de la vidéo, car les utilisateurs ne seront pas dérangés par le fait que, de temps en temps, un petit rectangle de l'image n'affiche pas ce qu'il devrait afficher. L'essentiel est que les erreurs soit peu fréquentes. Pour la plupart des autres applications, il faut assurer que les données sont correctes, donc on préfère TCP.
Outre la vidéo, UDP peut servir à diffuser de l'audio, car comme pour la vidéo, les utilisateurs humains peuvent supporter des parasites sonores se produisant à intervalles pas trop rapprochés. Néanmoins, il faut éviter une trop forte dégradation de la qualité sonore. On mentionne par exemple le cas de Free, qui proposait d'utiliser des téléphones fixes avec un protocole UDP + SIP + Wifi. En bref, cela n'a pas fonctionné, la qualité sonore étant trop mauvaise.

Divers

Le grand événement de ces derniers jours est les élections européennes. Ainsi que j'ai pu le constater, les panneaux électoraux prévoyaient de la place pour 38 listes, mais il n'y avait que 17 affiches. Le dimanche, la situation était légèrement améliorée dans mon bureau de vote, il y avait 20 piles de bulletins. Laurent B a eu plus de chance que moi. Dans son bureau de vote, il y avait 20 piles de bulletins avec pour chacune un marquage braille, plus 18 emplacements vides avec pour chacun un marquage braille. Ainsi, s'il avait pu lire le braille, il aurait appris quelles étaient les 18 listes qui estiment que l'enjeu des élections européennes est si faible que cela ne vaut pas la peine d'imprimer des bulletins.
En fait, pour les 18 listes qui n'ont pas envoyé de bulletin, il fallait aller sur le site web de la liste (à condition d'en connaître l'adresse ou l'intitulé), télécharger le bulletin, l'imprimer sur du papier (fourni par qui ?) et emporter ce bulletin au bureau de vote. Outre les inconvénients pratiques, cela pose le problème de la confidentialité du scrutin. Nul doute que le site de la liste laissera des cookies et autres mouchards sur votre machine. [ À cela s'ajoutent des éléments que je n'ai pas eu le temps de citer en réunion. Le site web de la liste peut lancer des actions Javascript qui tentent d'en savoir plus sur votre profil. D'autre part, certaines imprimantes transmettent à leur constructeur des informations diverses sur ce que vous imprimez. D'autres imprimantes encore ajoutent des marques discrètes (du type traits jaune clair sur fond blanc) pour indiquer la date d'impression et le numéro de série de l'imprimante. Savez-vous ce qu'il advient des bulletins après le dépouillement ? ]
Pour certains jeunes, c'était la première fois qu'ils votaient. Parfois, ce n'était pas une nouveauté, car
Ça ressemble aux élections des délégués de classe.
Pour d'autres, c'est une grande nouveauté. On mentionne le cas d'un jeune qui s'est présenté avec sa carte d'électeur, a reçu son enveloppe de vote, a pris ses bulletins, est entré dans l'isoloir, en est sorti et a demandé
C'est tout ce que j'ai à faire ? Ou y a-t-il encore quelque chose à faire ?
En fait, dans l'isoloir, après avoir mis son bulletin dans l'enveloppe, il a vu un récipient contenant plein de papiers et a cru qu'il s'agissait de l'urne. Il a alors déposé son enveloppe dans la corbeille à papier. Après être sorti de l'isoloir et après avoir posé sa question sidérante, il a pu récupérer son bulletin dans la corbeille et le déposer dans l'urne, mais il a dû attendre que l'électrice qui le suivait sorte de l'isoloir. [ Et pourtant, comme on peut le voir assez fréquemment, de nombreux parents viennent au bureau de vote avec leurs enfants, pour qu'ils voient comment on vote. Il arrive même qu'au moment de passer à l'urne, certains parents prennent leur enfant dans les bras et c'est l'enfant qui introduit le bulletin dans l'urne. Cela n'a pas dû arriver au jeune de l'anecdote. ]
La dissolution de l'Assemblée Nationale a été annoncée le dimanche 9 au soir, avec des élections le 30 juin et le 7 juillet. Pour la métropole, le délai minimal de 20 jours est respecté, mais qu'en est-il pour les qr/(régions | départements | territoires | collectivités | communautés | contrées)/ d'outre-mer qui voteront les samedis 29 et 6, comme la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane et la Polynésie ? Il semblerait que le Conseil Constitutionnel déclare que ce n'est pas un problème et que le vote ne se déroulera pas anticonstitutionnellement. [ Youpi ! J'ai réussi à le placer dans le compte-rendu, à défaut de l'avoir placé dans la conversation. Voir également le compte-rendu de novembre 2019 sur Poutine et Medvedev. ]
Toujours est-il que cela pose des problèmes à ceux qui avaient prévu de partir en vacances fin juin ou début juillet. On nous rebat les oreilles depuis plusieurs mois pour anticiper les jeux, nous avons également pu anticiper les élections européennes et prendre des mesures en conséquence, nous avons pu anticiper nos périodes de congés en fonction des contraintes connues, mais voilà les élections législatives qui viennent remettre en question les dispositions que nous avions prises.
Après les élections législatives, il y aura la démission du gouvernement, puis la constitution du nouveau gouvernement. Ainsi que nous avons pu le voir avec le gouvernement Borne, cela peut prendre plusieurs semaines. Dans le cas du gouvernement Borne, le deuxième tour des élections présidentielles a eu lieu au 24 avril 2022 et le gouvernement a été annoncé le 16 mai 2024. D'où la question : y aura-t-il un ministre des sports pour la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques ?
Dans l'actualité nationale, ce mercredi a été marqué par le psycho-drame de « les Républicains », avec l'exclusion de Ciotti par le bureau du parti. Il semblerait que le bureau ait simplement voulu exclure Ciotti de la présidence du parti et le rétrograder au rang de simple militant, mais comme ce n'était pas prévu dans les statuts, Ciotti a été exclu du parti donc, mécaniquement, de la présidence du parti. Affaire à suivre. Et il nous faudra vérifier les statuts des Mongueurs de Perl pour voir ce que cela donnerait dans notre cas.
L'autre psycho-drame de ce mercredi, concernant Éric Zemmour, est passé totalement inaperçu. Et pourtant, il passait à la télévision ce soir-là. Je l'ai vu parce que ma place me permettait de voir l'écran de télévision de la pizzeria, mais j'étais trop loin pour entendre le son.
Nous avons parlé des personnalités récemment disparues, comme Françoise Hardy, décédée le jour-même et Johnny Halliday, mort il y a quelques années. Nous avons parlé également des personnalités encore vivantes, mais dont l'état de santé nous incite à penser que cela ne va pas durer : Charles III ou Alain Delon. Et il y a celles qui, malgré leur âge avancé, semblent assez bien tenir la route : Mireille Mathieu ou Nana Mouskouri.
Nous avons rappelé que Nana Mouskouri avait été ministre, ce qui est vraisemblablement une erreur. Nous avons dû faire un amalgame incorrect entre son élection au parlement européen en 1994 et la nomination au ministère de la culture d'une autre artiste grecque, Mélina Mercouri.
Nous avons parlé des vols de papiers d'identité. On pense toujours à signaler le vol de la carte d'identité et du permis de conduire et à les faire remplacer, mais on oublie trop souvent de faire de même avec la carte vitale.
Il a été question de comment on identifie une automobile : numéro minéralogique, numéro de chassis. Un participant a eu quelques problèmes mineurs lorsqu'il a présenté son véhicule dans un garage. Le numéro ne passait pas sur l'ordinateur du garage, il a fallu l'entrer trois fois avant que cela passe. Rien de bien dramatique, juste quelques minutes d'incompréhension et de retard. Pour un autre participant, c'était plus stressant, son véhicule a été retrouvé en infraction de stationnement 3 ans après avoir été détruit dans une casse. Cela dit, dans ce second cas, ce n'est pas l'informatique qu'il faut accuser, mais plus vraisemblablement une indélicatesse (quel euphémisme !) de l'épaviste.
À l'approche de l'été, on est tenté de ressortir les barbecues. Dans notre époque marquée par l'augmentation de la quantité de gaz à effet de serre, est-ce raisonnable de cuisiner au barbecue en brûlant du charbon de bois ? Le charbon de bois que l'on brûle provient d'arbres qui ont grandi ces dernières années et, ce faisant, ont absorbé du gaz carbonique. Donc le CO₂ relâché par le barbecue correspond au CO₂ absorbé par les arbres quelques années plus tôt pendant leur croissance. Voir en annexe quelques réflexions plus détaillées sur les bilans carbone.
Si vous voulez faire un barbecue, ne le faites pas à Paris sur votre balcon. Lorsqu'un passant voit de la fumée qui s'échappe d'un balcon, il prévient les pompiers qu'il y a un incendie. Même si vous prenez toutes les précautions pour votre barbecue et votre balcon, les pompiers se déplaceront pour une fausse alerte. Pour éviter cela, il est interdit de faire un barbecue sur son balcon à Paris.
Une anecdote concerne un barbecue organisé sur un lieu de travail (immeuble de bureaux ou campus universitaire). Le barbecue était, bien sûr, à l'extérieur des bâtiments. Comme la pluie menaçait, et comme l'un des bâtiments avait un premier étage en surplomb par rapport à son rez-de-chaussée, les convives avaient installé l'appareil à barbecue près de ce bâtiment. Ainsi, s'il n'y avait pas de vent, ils seraient protégés de la pluie verticale, tout en étant à l'air libre. Ce que les convives n'ont pas prévu, c'est que deux ou trois mètres plus haut, l'étage en surplomb a été chauffé par le barbecue. Or à cet étage se trouvait un local d'imprimantes, avec quelques réservoirs de toner. Sous l'effet de la chaleur, les réservoirs ont explosé et le contenu a été projeté sur tous les murs. Je vous laisse deviner le résultat...
Avec les élections européennes et la dissolution de l'Assemblée Nationale, nous avons l'impression qu'il ne se passe plus rien d'autre. Le calme règne en Nouvelle-Calédonie, tout est paisible en Ukraine. Il y a juste la bande de Gaza pour laquelle on signale quand même, de temps en temps, la mort de quelques soldats israéliens ou de quelques palestiniens. Même le parcours de la flamme olympique a disparu des unes des journaux.
Nous avons quand même évoqué un sujet connexe aux Jeux Olympiques. Nous avons évoqué la Seine et son éco-système il y a deux mois. Il en est de nouveau question à cette réunion. C'est promis, Anne Hidalgo se baignera dans la Seine avant les JO. Un point à noter, elle n'aura pas de maillot de bain.
Ah bon ? Elle enlèvera son maillot de bain avant de plonger dans la Seine ?
Euh, ce n'est pas tout-à-fait cela. Elle utilisera une combinaison de natation.
Après la sortie du restaurant, Sylvain et moi avons parlé de la mise en service de l'extension ouest du RER E. Est-ce que cela pourra m'être utile ? Bien sûr ! Pour aller de chez moi à la pizzeria du mercredi soir, mon trajet sera direct, avec seulement deux arrêts, Porte Maillot et Haussmann-Saint-Lazare entre le départ à La Défense et l'arrivé à Magenta. Seul hic, pour l'instant, la portion ouest au-delà de Saint-Lazare est ouverte seulement de 10 h à 16 h en semaine (un peu plus le samedi et le dimanche). De plus, une fois j'ai voulu prendre le RER E de La Défense vers Paris. Il était 15 h 35 et un employé du RER m'a prévenu que le dernier train en direction de Paris venait de partir. Pour pouvoir utiliser le RER E pour venir à nos réunions, il faudra donc les replanifier pour que le mercredi soir tombe entre 11 h 30 et 15 h 30. Je pense que les autres ne vont pas accepter.

Annexe : bilans CO₂

Comme cela arrive de temps à autre, je profite du compte-rendu pour développer un sujet au-delà de ce qui a été dit lors de la réunion. Voici donc quelques réflexions personnelles sur les bilans carbone, pour exercer mon esprit critique et dépasser les opinions préfabriquées. Je ne prétend pas avoir raison sur tout les points, mais au moins, j'ai réfléchi au lieu de répéter mécaniquement les formules serinées par les média.
Tout d'abord, je n'aime pas l'expression « bilan carbone », pas plus que l'expression « empreinte carbone ». Le mot « carbone » est une métonymie pour « gaz carbonique » ou « CO₂ ». Mais la plupart des gens ont tendance à oublier cela et à prendre au pied de la lettre le terme « carbone ». Ainsi, j'ai lu l'intervention d'une personne se résumant approximativement à :
Pourquoi veut-on tout décarboner ? Le carbone est un élément essentiel de la vie. En décarbonant nos activités, cela va supprimer la vie animale et végétale qui nous entoure.
C'est pour cela que je préfère parler de « bilan CO₂ » et d'« empreinte CO₂ ». Idéalement, il faudrait utiliser le verbe « dégazcarboniquer », mais vous conviendez que c'est un peu dur à énoncer.
Certains me diront que le CO₂ n'est pas le seul gaz à effet de serre et qu'il faut tenir compte également du méthane ou CH₄, et que l'avantage de l'expression « bilan carbone » est qu'elle permet de prendre en compte les deux problèmes. Le problème du méthane est très différent du problème du gaz carbonique. À concentration égale, le méthane provoque un effet de serre nettement pire que le gaz carbonique, mais sa concentration réelle est inférieure de plusieurs ordres de grandeur, donc le problème est moins urgent. Les générateurs de méthane et les générateurs de gaz carbonique sont différents, les solutions pour faire baisser la concentration de méthane sont différentes que celles pour faire baisser la concentration de gaz carbonique. Pour cette raison, je préfère parler de « bilan CH₄ », quitte à écrire de temps en temps « le bilan CO₂ et le bilan CH₄ » lorsque les deux sujets peuvent, à l'occasion, être traités simultanément.
Revenons aux barbecues de l'été, chauffés au charbone de bois. Voici un résumé schématique du cycle du carbone donnant le bilan CO₂ des barbecues. Attention, les masses indiquées sont fortement pifométriques, ainsi que les durées et autres mesures.
1. Dans une forêt faisant l'objet d'une gestion durable, un forestier plante un arbre de 10 kg.
2. Pendant quelques années ou quelques décennies, l'arbre pousse, jusqu'à atteindre 500 kg. D'où viennent les 490 kg de différence ? Il y a l'eau de pluie qui s'est infiltrée au voisinage des racines de l'arbre et il y a le gaz carbonique récupéré par la fonction chlorophyllienne et donc nutritive de l'arbre. Si les 490 kg gagnés par l'arbre contiennent, disons, 100 kg d'atomes de carbone (*), cela signifie que l'arbre a mangé 366 kg de CO₂.
3. L'arbre, soit 500 kg de bois, est abattu par un bûcheron.
4. Quelques semaines (ou peut-être un an ou deux) après l'abattage de l'arbre, un forestier plante un nouvel arbre. Voir étape 1.
5. Supposons que la totalité des 500 kg de bois serve à faire du charbon de bois, au lieu d'utiliser une partie du bois pour la confection de meubles et une autre partie dans l'industrie papetière. Le charbon de bois s'obtient avec une combustion incomplète du bois, ce qui libère, disons, 150 kg de CO₂.
6. Des amateurs de barbecue utilisent ce charbon de bois pour cuire leurs grillades et leurs brochettes. Cela relâche les 216 kg restants.
Donc le bilan CO₂ du charbon de bois est neutre. Si le processus libère du gaz carbonique, l'essentiel de ce gaz carbonique est du CO₂ qui a été piégé dans la matière vivante du bois quelques années auparavant et non pas il y a plusieurs dizaines, voire centaines, de millions d'années.
(*) Dans ce cours de SVT, il est marqué que le corps humain contient 21,15 % de carbone. En masse ou en nombre d'atomes ? C'est une proportion en nombres d'atomes ou en moles, voir la colonne « hydrosphère ». Si l'on introduit les masses atomiques dans le calcul, on trouve que la proportion massique des atomes C dans le corps humain est 18,25 %. Est-ce pertinent pour le sujet traité ? Pas vraiment, car à mon avis les proportions sont différentes entre le corps humain et le bois, ne serait-ce que pour le calcium qui constitue notre squelette, alors que les plantes ont recours à la cellulose et à la lignine. Faute de mieux, je prends quand même cette valeur pour les arbres, arrondie à 20 %.
Dans l'étape (2), j'ai écrit « L'arbre a mangé 366 kg de CO₂. » C'est un raccourci qui peut prêter à confusion. En fait, comme tous les êtres vivants ou presque, un arbre respire, c'est-à-dire qu'il absorbe de l'oxygène et qu'il rejette du gaz carbonique. Si, au cours de sa vie, il respire 69 565 kg d'oxygène pour rejeter 100 000 kg de gaz carbonique, en même temps il mangera 100 366 kg de gaz carbonique. Et il faut ajouter les feuilles qui tombent à l'automne, qui pourrissent et se décomposent, ce qui, à mon avis, rejette encore un peu de gaz carbonique, disons 200 kg pendant toute la vie de l'arbre. Donc, au final, l'arbre aura mangé 100 566 kg de CO₂. Toujours est-il que si l'on fait le bilan de l'étape (2), en cumulant les entrées avec un signe et les sorties avec l'autre signe, on trouve un reste de 366 kg.
Le bilan CO₂ n'est pas tout-à-fait neutre. En effet, les tronçonneuses consomment un peu d'essence (ou plutôt de « mélange deux-temps ») et les camions consomment du gasoil. Le CO₂ généré par ces deux catégories d'engin est, toutefois, inférieur de plusieurs ordres de grandeur à celui généré par la combustion de la matière organique. De plus, si vous adoptez des tronçonneuses électriques et des véhicules électriques, et si l'électricité utilisée est d'origine solaire ou éolienne (renouvelable et décarbonée) ou nucléaire (décarbonée, mais pas renouvelable), alors le bilan CO₂ est neutre.
On nous dit fréquemment
Arrêtons la déforestation de l'Amazonie. La forêt amazonienne est le poumon de la planête.
Je suis d'accord avec la première phrase, mais pas avec la deuxième. Si vous avez lu l'article de Wikipédia mentionné ci-dessus, vous avez pu lire que :
Les forêts de type amazoniennes ne sont donc ni des « poumons de la planète » ni le puits de carbone espéré puisque la forêt primaire mature, d'un point de vue global, ne produit ni ne consomme de CO₂ ou d'oxygène.
Certes, Wikipédia est ouvert à tout le monde, aussi bien les experts auto-proclamés que les experts reconnus de leurs pairs. Toutefois, j'avais déjà lu cette affirmation dans La Science du Disque-Monde de Terry Pratchett, Ian Stewart et Jack Cohen. Si vous avez comme moi la version originale reliée (ISBN 0-09-186515-8), relisez le chapitre Air And Water, notamment les pages 141 et 142.
Cela dit, si au lieu de passer vos loisirs à cuire des brochettes dans les barbecues, vous préférez lire des revues ou des livres imprimés sur papier, que vous rangez soigneusement ensuite dans une bibliothèque en bois, votre bilan carbone sera nettement meilleur.
Paradoxalement, tandis que l'industrie papetière a toujours eu mauvaise réputation pour la raison qu'elle coupe des arbres, d'autres activités comme le chauffage domestique au bois sont présentées comme bénéfiques, parce que l'on met en avant « l'économie circulaire » du bois. Or, il y a coupage de bois aussi bien pour le charbon de bois et le chauffage domestique que pour la production de papier. De même, pour des forêts exploitées de façon durable, on replante des arbres aussi bien s'ils ont servi pour la production de papier que pour le chauffage domestique.
Post-scriptum : ci-dessus, j'ai écrit « exploitées de façon durable ». J'aurais dû écrire « exploitées de façon raisonnée ». ou « exploitées de façon durable et raisonnée ». En effet, planter un arbre ne doit pas se faire au hasard ou sur un coup de tête. C'est expliqué clairement (et en anglais) dans cette vidéo que j'ai découverte après la rédaction initiale de ce compte-rendu. Remarquons que cette vidéo explique que le pourcentage de carbone dans un arbre est de l'ordre de 50 %, au lieu du 20 % pifométrique que j'ai adopté ci-dessus. Fin du post-scriptum.
Pour continuer à évoquer le cas du papier, plutôt que celui du charbon de bois, il me semble que dans une réunion de Paris.PM passée, nous avions déjà évoqué les employeurs qui incitent leurs employés à passer au bulletin de salaire électronique, ou bien les fournisseurs qui incitent leurs clients ou usagers à passer à la facture électronique, en utilisant des arguments tels que « sauvons les arbres » ou « c'est bon pour la planète ». La véritable raison pour laquelle on nous pousse à dématérialiser ces documents, c'est que le coût de production d'un document électronique est nettement inférieur au coût de production du même document sur papier. En revanche, on évite de s'intéresser au coût de conservation de ces documents. Désolé, je n'ai pas retrouvé mention de cette discussion dans les comptes-rendus passés.
Par le passé, j'ai déjà tenté d'expliquer à d'autres personnes que le bilan CO₂ de l'industrie papetière n'était pas mauvais et vouloir à tout prix dématéraliser les documents à conserver (livres, documents administratifs, bulletins de paie), ce n'était pas la solution pour diminuer la quantité de CO₂ présente dans l'atmosphère. À chaque fois, mon interlocuteur essayait d'avoir raison en quittant le cadre du bilan CO₂ et en rappelant
Oui, mais à côté de cela, la fabrication du papier utilise des produits chimiques polluants.
Je n'en disconviens pas, mais le sujet de la discussion portait sur le problème urgent des gaz à effet de serre, sur les bilans CO₂ et sur les accusations par le commun des mortels à l'encontre de l'industrie papetière et de son bilan, pas sur le problème moins urgent des produits chimiques.
Récemment, j'ai mangé dans un établissement de restauration rapide. Ce restaurant m'a donné des couverts jetables en bois. En lisant l'emballage de ces couverts, j'ai vu qu'il s'agissait même de « bois bio-sourcé ». Que veut dire « bio-sourcé » ? J'ai cru comprendre qu'il s'agit de matériaux issus du monde vivant (animal ou végétal). Si l'emballage des couverts jetables prévise que le bois est bio-sourcé, cela veut-il dire qu'il existe du bois qui n'est pas bio-sourcé ? J'ai du mal à m"imaginer comment cela pourrait être possible. En fait, j'ai la très forte impression que « bio-sourcé » est rien de plus qu'un nouveau buzzword.
En écho à la métonymie du premier paragraphe, voici une métaphore. Le DG (ou PDG) d'une firme construisant des maisons en bois décrivait son activité à la radio. À un moment, il précise :
Et nos maisons en bois captent le CO₂ !
De mon côté, j'ai interprété cette remarque comme étant une métaphore pour expliquer que la matière première utilisée possède un bilan CO₂ bénéfique. Mais j'ai l'impression que l'animateur radio n'a pas saisi la métaphore et qu'il a cru que lorsque les molécules de l'air ambiant frappent un mur en bois, les molécules de CO₂ restent collées (adsorption ou peut-être absorption), tandis que les molécules de N₂ et O₂ rebondissent. Il se peut que ce phénomène existe, mais quel que soit le traitement de surface du bois (encaustique, peinture, autre), ce phénomène est négligeable par rapport à la quantité de carbone inclus dans la matière « bois ».