La visite de Vincent

Un historique de toutes nos réunions

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mercredi 12 novembre 2025

La voix du secrétaire (Jean)

Présents à la réunion, en fonction de l'ordre d'arrivée :

Laurent (B),
moi,
Emmanuel,
Vincent,
Sylvain,
et Sébastien.

Nous avons mangé des pizzas soleil, Sainte Marie, orientale et calzone (une avec et l'autre sans fromage), une coupe colonel, des mousses au chocolat et un tiramisu. Nous avons bu de l'orangina (en fait un équivalent), un kir, de la bière et un déca. Le lemoncello était offert par la maison.

Nous avons parlé de Perl, informatique et points divers.

Perl

Laurent et moi avons parlé des exemples de code qui décoreront notre stand au salon Open Source Experience 2025. Précédemment, j'ai évoqué le site Rosetta Code et la tâche consistant à afficher le 10001^e nombre premier. Laurent a jeté un coup d'œil sur les différents exemples pour cette tâche. Il y a d'une part les programmes qui appellent une bibliothèque et d'autre part les programmes qui codent « à la main » le critère de primalité d'un nombre entier. Raku n'a pas besoin d'appeler une bibliothèque, le test de primalité est une fonction basique du langage. Le code est donc très simple :
```
  say (^∞).grep( &is-prime )[10000]
```
Il permet de mettre en valeur trois particularités du langage :
1. l'utilisation de caractères Unicode comme « ∞ » (U+221E) pour l'infini,
2. les listes infinies en évaluation paresseuse,
3. comme je viens de l'écrire, le test de primalité d'un nombre qui est une primitive du langage.
Un autre exemple de code intéressant est celui de la fonction de Ackermann.
```
  A(m, n) = n + 1                 pour m = 0
            A(m - 1, 1)           pour m > 0 et n = 0
            A(m - 1, A(m, n - 1)) pour m > 0 et N > 0
```
Comme Laurent a pu le constater en lisant l'article de Wikipedia consacré à cette fonction, la fonction est récursive, mais elle n'est pas récursive primitive. Aïe aïe aïe, ça commence à être compliqué... Nous apprenons également que la valeur de A(4, 2) comporte 19 729 chiffres. Un détail de l'article qui a amusé Laurent, c'est la phrase
les premiers programmeurs [...] affirmaient sans preuve^{[réf. nécessaire]} [...]
Puisqu'il n'y a pas de preuve, que peut-on apporter comme référence ? Toujours est-il que cette fonction permet de mettre en valeur le multi-dispatch de Raku:
```
  multi sub A(0,      Int $n) { $n + 1                   }
  multi sub A(Int $m, 0     ) { A($m - 1, 1)             }
  multi sub A(Int $m, Int $n) { A($m - 1, A($m, $n - 1)) }
```
Le site de Rosetta Code est basé sur le logiciel Mediawiki, donc nous n'avons pas accès directement à leur base de données et nous ne pouvons pas effectuer des requêtes pour trouver, par exemple, tous les programmes Raku de 4 lignes ou moins. Heureusement, une remarque de Vendethiel sur Discord nous a aiguillé vers un utilitaire écrit par Ingy döt Net permettant de télécharger le contenu de Rosetta Code. Il est inutile de charger et d'installer cet utilitaire. Il suffit de lire la documentation, qui nous renvoie vers un autre dépôt d'Ingy où il a déjà fait le travail d'extraction pour nous. Il me suffit donc de cloner ce dépôt et je peux travailler en local sur les programmes de Rosetta Code. Par exemple, avec
```
  cd $HOME/Documents/web/RosettaCodeData && wc $(find . -name '*.raku') | awk -e '{print $1}' | sort -n | uniq -c | head -n 20
```
je peux voir qu'il y a presque deux centaines d'unilignes et qu'il existe même un "zéroligne".
```
      1 0
    186 1
     61 2
     83 3
     58 4
     69 5
     69 6
     54 7
     43 8
     57 9
     35 10
     45 11
     34 12
     45 13
     33 14
     33 15
     29 16
     27 17
     33 18
     33 19
```
Il ne reste plus qu'à fouiller dans tout cela et trouver des exemples intéressants. Remarquons que la recherche du 10001^e nombre premier n'y figure pas, car il s'agit d'une « tâche provisoire » (draft task).
La date théorique de la prochaine réunion au restaurant est le mercredi 10 décembre, c'est-à-dire le soir du premier jour du salon OSXP 2025. La simultanéité avec le salon n'est pas une raison pour déplacer la réunion. Notre réunion aura donc bel et bien lieu le mercredi 10 décembre. En plus, la Cité des Sciences et de l'Industrie est desservie par la même ligne de métro que le restaurant.

Informatique

Vincent nous a parlé de l'évolution de son activité. Le logiciel qu'il propose peut convenir aux administrations de certaines collectivités territoriales et, de temps en temps, il est invité à répondre à certains appels d'offre. Le problème est que chaque fois qu'il répond, cela lui prend un temps certain pour un résultat décevant.
Pour les marchés publics, il y a plusieurs procédures possibles, en fonction du budget de l'administration qui effectue la demande. Pour un gros budget, c'est une consultation avec appel d'offres en bonne et due forme. Pour un budget plus faible, il y a les marchés à procédure adaptée ou MAPA. Et pour les budgets très faibles, il est possible de passer des marchés sans publicité (pas au sens « réclame ou spot publicitaire à la télévision », au sens « porter à la connaissance du public »).
Il a été question du prix des licences des logiciels pour entreprises. Si l'éditeur du logiciel prévoit de vendre son produit à la fois à des particuliers et à des entreprises, son site web aura une page tarifaire pour les particuliers, avec les prix clairement affichés et une page pour les entreprises, pour dire uniquement « nous consulter ». Ensuite, c'est un marchandage entre les commerciaux de l'éditeur et ceux du client.
Pour un client final, il arrive qu'il ait intérêt à passer par un distributeur plutôt que de s'adresser directement à l'éditeur. C'est paradoxal dans la mesure où le prix de la licence contient dans ce cas à la fois la marge de l'éditeur et la marge du distributeur. Ce paradoxe disparaît si l'on considère que le distributeur a le droit à une ristourne de la part de l'éditeur. Donc si sa marge est inférieure à la ristourne dont il profite, cela abaisse le prix global pour l'utilisateur final.
Pour des étudiants en informatique, un problème pédagogiquement intéressant est de leur demander de réécrire les fonctions map, grep et sort (ou qsort pour ceux qui étudient C). Cela permet de mettre en pratique l'utilisation des références sur fonction ou des pointeurs sur fonction. En revanche, l'enseignant autorise les étudiants à utiliser n'importe quel algorithme de tri valide, même des algorithmes en O(n²). Tout le monde ne maîtrise pas les arcanes de l'algorithme de Hoare.
Nous avons parlé de la complexité de la fonction qsort. En règle générale, pour un tableau qui est bien en désordre, la complexité est O(n.log(n)). Mais si le tableau est trié (croissant ou décroissant, peu importe), alors la complexité devient O(n²).
Vincent est confronté à des problèmes de performances. Avec l'interface web de son logiciel de comptabilité, ses clients peuvent demander la liste de toutes les écritures comptables. En général ce sont des clients avec une comptabilité de faible volume, donc l'extraction PostgreSQL et l'affichage HTML se passent bien. L'un des clients a une comptabilité plus volumineuse et la requête donne dans les 20 000 lignes. L'extraction PostgreSQL est un peu plus lente sans que ce soit dramatique, mais l'affichage HTML est beaucoup plus lent. Vincent a donc prévu un système de pagination HTML de façon à afficher les écritures comptables par lots de 1000. Néanmoins, à chaque affichage, il a besoin de récupérer les 20 000 enregistrements pour faire des totaux. Le problème que Vincent cherche à résoudre est que son utilisateur va paginer une vingtaine de fois sur le site web et donc, le serveur web va lancer une vingtaine de fois la requête extrayant la totalité des écritures comptables. Vincent demande donc s'il nous arrive d'utiliser des curseurs en SQL et si c'est la bonne piste pour éviter les requêtes redondantes. Nous n'avons pas pu lui donner de réponse valable. [ J'ai exploré les projets de programmation sur ma machine personnelle. Les seuls programmes dans lesquels j'utilise le mot-clé cursor sont des programmes accédant à une base MongoDB : mon dépôt-clone du serveur Open Food Facts, mes programmes pour analyser Black Box et mes programmes pour jouer à l'As des As. Je n'ai pas de programme utilisant des curseurs SQL. ]
Lorsque l'on permet à des utilisateurs lambda de définir leurs propres requêtes, il y a toujours le risque qu'ils définissent une requête sans aucune sorte d'optimisation et qui extraie une quantité importante de données. Le problème est d'autant plus pénible que dans certains cas, par exemple en début d'année, la requête s'exécute dans un temps raisonnable et que ses performances se dégradent progressivement. Comment faire comprendre à l'utilisateur que s'il a de mauvais temps de réponse à l'automne, c'est à cause de ce qu'il a fait au printemps ?
L'une des raisons du succès de Python, c'est qu'il s'adresse non seulement aux programmeurs réguliers, mais aussi aux programmeurs occasionnels, dont l'activité quotidienne consiste à faire autre chose que d'écrire du code.
Et encore, la situation peut changer, pas forcément pour le meilleur. On mentionne un utilisateur qui a créé une demande pour débuguer un script Power Shell. Fait-il de la programmation occasionnelle en Power Shell ? Non, il a demandé à Chat GPT ou similaire de lui écrire un programme faisant ceci et cela et Chat GPT lui a concocté un script Power Shell qui, malencontreusement, contenait un bug pour un cas de figure assez fréquent. En conséquence, il est obligé de s'adresser à son service informatique pour débuguer un programme qu'il ne comprend pas.

Divers

L'un des sujets de préoccupation de la génération qui précède la nôtre :
Les petit-enfants commencent à être grands. Serait-il possible de gagner de la place en se débarrassant des jouets auxquels ils ne joueront plus ?
La réponse des personnes de notre génération (parents ou oncles et tantes des petits-enfants susdits) :
NON ! Pas les Legos ! Le reste, vous pouvez vous en débarrasser, mais pas les Legos !
Emmanuel a récemment acquis et monté un Book nook sur le thème de Sherlock Holmes. Si j'ai bien compris, un Book nook est constitué de deux plaques reliées par un système de charnières, évoquant ainsi les deux pages de couverture et le dos d'un livre. Lorsque le « livre » est ouvert, il fait apparaître une scène inspirée d'un roman, d'un film ou d'une série connus.
Laurent, quant à lui, nous fait part de son expérience avec le Faucon Millenium de Lego. La conception de ce modèle n'est pas à la hauteur de ce que l'on pourrait espérer. L'intérieur du vaisseau est bien représenté, avec les couloirs et les différentes pièces (au sens pièces d'un bâtiment, pas pièces de Lego), mais une fois la construction achevée, il est impossible d'ouvrir la maquette pour voir cet intérieur. D'autre part, lorsque l'on transporte la maquette dans les mains, il y a toujours le risque de faire sauter des pièces (au sens pièces de Lego, pas pièces d'un bâtiment) qu'il est impossible de replacer sans un démontage de la maquette en sous-ensembles puis remontage.
Une gamme Lego qui a rencontré un succès inattendu, c'est la gamme Botanicals. Elle représente des fleurs existant dans le monde réel, en grandeur nature. [ Revivrons-nous cette anecdote racontée il y a quelques années ? ] La gamme Botanicals a du succès auprès d'une nouvelle tranche de population, des adultes qui ne s'intéressent pas aux grandes épopées romanesques comme la Guerre des Étoiles, ou Harry Potter. Pour créer les différents modèles de fleurs, les bureaux d'études de Lego n'ont pas eu besoin de créer de nouveaux moules pour de nouvelles pièces, les pièces existantes se sont révélées suffisantes.
Nous avons commencé à parler de la culture japonaise moderne, pour enchaîner sur le cas de Nintendo. Sébastien fait remarquer que les personnages des jeux emblématiques de Nintendo ne sont pas japonais. Ainsi, Mario est un plombier italien, Donkey Kong est un gorille pour lequel la notion de nationalité n'a pas de sens. Donc selon lui, les jeux avec Mario ne relèvent pas de la culture japonaise. J'essaie de faire un parallèle avec le film les Dix Commandements. Si l'on suit le raisonnement de Sébastien sur les jeux Nintendo, cela voudrait dire que le film de Cecil B. de Mille ne relève pas de la culture américaine, mais que c'est un film judéo-égyptien. Sébastien invoque alors des arguments curieux et, selon moi, hors-sujet. Il rappelle que lorsque des personnes prêtent serment aux États-Unis, elles doivent poser la main sur la Bible. Il rappelle également que les Églises baptistes professent une doctrine millénariste. Je ne vois pas en quoi le classement des jeux Nintendo et des peplums de Cecil B. de Mille sont affectés par le fonctionnement de la justice américaine et par la doctrine religieuse de certaines Églises protestantes.